Avec ma gueule de métèque, de juif errant, de pâtre
grec
Et mes cheveux aux quatre vents
Avec mes yeux tout délavés, qui me donnent l’air de
rêver
Moi qui ne rêve
plus souvent
Avec mes mains de maraudeur, de musicien et de
rôdeur
Qui ont pillé tant de jardins
Avec ma bouche qui a bu, qui a embrassé et mordu
Sans jamais assouvir sa faim
Avec ma gueule de métèque, de juif errant, de pâtre
grec
De voleur et de
vagabond
Avec ma peau qui s’est frottée au soleil de tous les étés
Et tout ce qui portait jupon
Avec mon coeur qui a su faire souffrir autant qu’il a
souffert
Sans pour cela faire d’histoire
Avec mon âme qui n’a plus la moindre chance de salut
Pour
éviter le purgatoire
Avec ma gueule de métèque, de juif errant, de pâtre
grec
Et mes cheveux aux quatre vents
Je viendrai ma
douce captive,
mon âme soeur,
ma source vive
Je viendrai
boire tes vingt
ans
Et je serai
prince de sang,
rêveur, ou bien
adolescent
Comme il
te plaira de
choisir
Et nous ferons de chaque jour, tout une éternité
d’amour
Que nous vivrons à en mourir
Et nous ferons de chaque jour, tout une éternité
d’amour
Que nous vivrons à en mourir.
Georges Moustaki, 1969